Melle Vigla - Part II ......... par Marcelle Vautier-Hue

La Promenade Scolaire
Elle était tant attendue cette ballade... A l'époque, nous étions très sédentaires. Le BEPC étant passé toute une joyeuse petite troupe (dont bien entendu je faisais partie) monte dans le car. Ambiance garantie dès le démarrage... Pas une minute à perdre pour fredonner toutes les chansons à la mode et raconter de bonnes blagues. Une de nos destinations, pour le pique nique du midi, la forêt d'Andaine, à côté de Bagnoles de l'Orne. Les résultats à l'examen étant très bons, il fallait bien se défouler. Les grandes du BEPC prirent Mademoiselle Vigla pour cible. Il faut dire qu'elle se prêtait merveilleusement bien au jeu. Une précision utile quant à la tenue de notre vedette: une robe froufroutante mais surtout un chapeau avec des petits carreaux (je le revois encore). Nous arrêtons donc pour la pause du midi et comme par enchantement le chapeau disparaît et quelqu'un dit à notre professeur d'Anglais " Oh Mademoiselle regardez un petit oiseau " et Mademoiselle Vigla lève la tête pour apercevoir son bitos bourré de feuilles et perché sur la plus haute branche d'un arbre. Quel sport pour aller le récupérer! Le groupe entier en avalait de travers.
Mais ce n'est pas tout, chacun sait comme il est parfois difficile dans ces journées de trouver un petit coin tranquille pour s'isoler. Mademoiselle Vigla n'ayant plus beaucoup d'autonomie dit aux deux élèves qui marchaient près d'elles "les filles laissons passer le gros de la troupe, je vous engage dans un rôle, vous serez le mur des toilettes ". Prudente Mademoiselle Vigla avait emmené dans son sac un imperméable en plastique transparent Les deux élèves furent donc conviées à tenir l'imperméable... Le mur de ces toilettes a failli s'écrouler "de rire". Quelques instants après Mademoiselle Vigla ressort de derrière son paravent en criant " la place est libre ".
Pas d'amateur !


La Répétition de Chorale
Je raconterai un épisode " super drôle ". Il faut cependant savoir que nous répétions toujours au pigeonnier (traduisez au balcon du grand orgue à l'église) et que d'une manière générale ce n'était pas vraiment ce qu'on appelle une chorale triste. Mademoiselle Vigla " oubliait " souvent, fréquemment même ces répétitions dont elle était l'organiste (à mon humble avis cela lui cassait un peu les pieds, (fatiguée, sans doute par ses cours et ses séances de piqûres à domicile). Donc, quand elle n'arrivait pas, il n'y avait qu'une solution, il fallait aller la chercher chez elle. Les volontaires étaient toujours nombreux... La sonnette de sa porte était un espèce de bouton qu'il fallait tourner et qui émettait un son bizarre "gre gre" . On dit aurait un timbre de vélo mais très enroué...
"Mademoiselle, vous avez oublié la répétition de chorale "
"Ah mon Dieu cela m'était complètement sorti de l'esprit. (tu parles...) J'arrive dans deux minutes
Nous revenons d'un bon pas à l'église " Mademoiselle Vigla arrive dans deux minutes. Tout le monde crie " top chrono "... Et effectivement, assez rapidement, Mademoiselle Vigla arrrive toute essouflée...
Pour jouer de l'orgue, il faut utiliser ses mains, mais aussi ses pieds. Au " pigeonnier " l'orgue est surélevé par rapport au sol. Les choristes voient dont très bien les pieds de l'organiste.
Je chantais en alto... Un, deux, trois, les alto devaient commencer à chanter leur partition Aucun son ne pouvait sortir de nos bouches Mademoiselle Vigla était arrivée avec son manteau de moumoute bien connu, mais pour les jambes c'était une autre histoire. Mademoiselle Vigla avait un caleçon blanc à jambes longues, par-dessus lequel elle avait enfilé un grosse paire de chaussettes beiges, cela lui faisait des jambes énormes. Nous avons très peu chanté ce soir là, le fou-rire gagnant successivement tous les membres de notre chère chorale.

Histoire de baleines
Mademoiselle Vigla donnait des cours d' Allemand au collège (c'était avant la mixité). Quelques filles pratiquant cette langue devaient donc se déplacer à Saint-Jo. La mode était aux parapluies de différentes couleurs. Naturellement, Mademoiselle Vigla en possédait un grand noir. Elle avait du l' oublier dans un couloir ou dans une classe, toujours est-il que des garçons peu scrupuleux dirons-nous, lui avait découpé la toile de son pépin au cutter! Il ne restait que les baleines. Brandissant l'objet du délit, elle alla frapper à la porte de Monsieur le Supérieur, en disant " regardez Monsieur le Supérieur ce qu'ils ont faits de mon parapluie!

C'était quand même un peu rosse

Les Chaussons aux pommes, non au caramel
C'était en hiver, Mademoiselle Vigla devait probablement avoir froid aux pieds. Elle avait comme tout le monde à l'époque un fourneau avec un four. Idée géniale avant de partir donner un cours à Notre-Dame, elle met la paire de chaussons dans le four en se disant quand je vais rentrer, cela sera formidablement chaud.
A-t-elle été retardée, le feu s'est-il emballé ? Toujours est-il que lorsqu'elle est rentrée chez elle, cela sentait le caramel sur le trottoir! Les semelles (en caoutchouc) commençaient à fondre généreusement...

Vous me direz, comment savez-vous tout cela, mais simplement parce qu'elle racontait toutes ses aventures au début du cours suivant.

Qui a perdu son accordéon ?
J'ai eu Mademoiselle Vigla comme professeur, puis quand je suis devenue surveillante, je l'ai eu comme collègue. Ce n'était pas triste non plus. Notre Miss laissait souvent son instrument dans le couloir à côté de la porte de la salle à manger des professeurs. Aidée de Madame Polinière, notre cuisinière qui n' était pas la dernière à rire, nous avons caché l'accordéon de Mademoiselle Vigla dans le bas d'un buffet vide qui se trouvait dans la salle à manger. Nous savions à quelle heure elle arrivait ce jour là et réfugiées dans la cuisine, nous attendions l'effet produit par notre farce. " Mon accordéon, mon accordéon on m'a volé mon accordéon, à ces cris nous sortons toutes les deux en trombe.
"Vous n'avez pas vu mon accordéon?
"ah non !"
" Je suis absolument certaine de l'avoir laissé là tout à l'heure..."
"Vous êtes bien sures ?"
"Absolument! Nous n'avons pas fait attention s'il était là ou pas".
"Ce sont des élèves qui m'ont fait une face!"
" Oh vous croyez?"
Quelques minutes, après il était retrouvé dans le bas du buffet au grand soulagement de sa propriétaire.

Il y a vraiment des gens qui exagèrent...ça c'est vrai !